Hébergements

Article La Charente libre du 27 octobre 2025 :

Ces séniors ont le béguin pour la vie en béguinage.

Alternative à la maison de retraite, le béguinage, très usité en Belgique, prend racine à Saint-Romain depuis 18 mois. Rencontre avec six résidents.

Marie-Hélène, Martine, Isabelle, Marie-Antoinette, Patrick et Margareth (le prénom a été modifié) ont entre 60 et 79 ans et sont les six résidents du Béguinage Duchateau à Saint-Romain. On se souvient du restaurant 'La Braisière' acheté en janvier 2024 par Xavier Duchateau. En juin de la même année et après les travaux, il a popularisé ici le mot "béguinage" en offrant le concept d'un habitat partagé pour seniors.

Six hébergements individuels, bientôt sept, sur les onze prévus sont désormais occupés. Le douzième est réservé à l'accueil des familles en visite.

"Aujourd'hui, les loyers couvrent les charges, mon pari est en passe d'être gagné, encore un ou deux résidents et je pourrai créer un emploi au moins partiel, pour m'aider au ménage" dit le gérant, animateur social, ajoutant : "L'idée n'est pas de remplir pour remplir, tous les nouveaux arrivants ont une période d'immersion."

Xavier Duchateau a obtenu, pour l'association Béguinage, l'habilitation 'services à la personne' et à ce titre peut venir en aide dans les tâches privées que la personne accueillie ne pourrait plus faire. Il est celui qui 'veille au bien-être des personnes', impulse ou facilite les activités (en lien avec les associations), entretient les parties communes, aide à la recherche informatique, à trouver médecins, dentistes ou assistante sociale... Il a aussi parfois le rôle de conciliateur 'pour gérer les règles de vie dans une cohabitation'.

De son expérience de plus d'un an, il tire un premier bilan humain très enrichissant, beaucoup 'moins sur la partie soutien des administrations, des politiques'. Un projet bien accueilli même par le ministre, dit-il, mais seulement une reconnaissance verbale, personne ne vient voir pour demander si j'ai besoin de quelque chose'. Et pourtant, des besoins il y en aurait, comme l'installation d'un monte-escalier, mais un financement de 12 000 à 15 000 euros est à trouver.

Liberté

Les six personnes accueillies viennent de régions et d'horizons différents : Bretagne, Gard, Haut-Rhin. Elles ont décidé de rejoindre ce petit village de Charente et la vie en communauté dont elles ignoraient tout. Un changement de vie radical. Leurs motivations varient : rapprochement familial, fuir la solitude ou un mari violent, le plus souvent une situation difficile.

Avec 'un minimum vieillesse à 1 034 euros et un loyer moyen de 650 euros toutes charges comprises, il reste presque 400 euros mensuels pour la nourriture, donne en exemple Xavier Duchateau, l'habillement, c'est souvent de la seconde main...' Pour Marie-Hélène, Martine et Isabelle, l'essentiel était de trouver un établissement 'qui accepte leur animal de compagnie'. Deux chiens, un chat, sept gallinacés dans le poulailler cohabitent désormais. Les carrés potagers sont cultivés et entretenus. 'Un cadre de vie agréable dans une campagne magnifique avec des habitants charmants' concèdent les résidents qui soulignent, surtout, leur liberté.

A la différence de l'EHPAD, ils font ce qu'ils veulent, ont la liberté d'aller et venir à l'extérieur comme à l'intérieur des 450 m2 habitables, liberté de préparer leur propre cuisine et de manger à n'importe quelle heure à l'intérieur, sur la terrasse ou dans leur chambre. La règle est le respect de l'intimité et des choix de chacun partout et tout le temps.

Pour l'avenir, Xavier Duchateau souhaite 'continuer à enrichir le concept, faire vivre le village et vivre avec le village'.